vendredi 20 mars 2009

Les cabanes de bergers (39)




Il existe aux environs de Lons-le-Saunier des édifices architecturaux que tout promeneur aura aperçu au moins une fois au cours de ses balades : les cabanes de bergers.


Trouver ce genre de construction dans le Jura est assez surprenant. En effet, celles que l’on appelle également « cabordes » ou « loges » sont surtout présentes dans les régions méridionales. Pourtant, elles constituent un élément architectural typique du premier plateau jurassien. Elles apparaissent au détour des chemins, encastrées dans les murgers, murs dressés par les paysans pour délimiter les parcelles des différents terrains. Au coeur d'un murger, une cabane de berger


Il est aujourd’hui encore impossible de les dater avec précision, faute d’écrits leur étant relatifs. Selon certains, leur apparition remontrait à l’époque gauloise, voire au néolithique. Pour d’autres, ce type d’édifice n’aurait émergé qu’au Moyen-âge. Cependant, les hypothèses les plus plausibles datent les cabanes d’une époque beaucoup plus récente : le XIIème siècle où l’agriculture était très présente sur le premier plateau, voire le XXème, période des grands défrichements. En tous les cas, les loges auraient au minimum 100 à 200 ans.

En un premier temps, leur rôle semble avoir été agricole. Elles étaient utilisées pour le stockage d’outils, mais servaient également d’abris temporaires aux laboureurs en cas d’intempéries. Ceci explique leur orientation, dos au vent dominant allant du sud ouest au nord est. Mais bientôt, avec le développement de l’élevage, elles devinrent des abris pour les bergers.

Toutes les cabanes ont été construites avec des laves, soit des pierres calcaires plates et fines, omniprésentes en le sol du premier plateau. Les paysans, pour tirer au maximum profit de la terre, les en ont retirées. Par souci de gain de place, ils ont choisi de les empiler plutôt que de les laisser au sol en un amas informe. Ainsi semblent être nés les murgers et les cabanes de bergers.



Alors que la base des cabordes est droite, leur voûte se caractérise par le dépassement de la pierre supérieure par rapport à la pierre inférieure : elles sont montées en encorbellement. Les pierres qui les composent sont juste calées les unes aux autres : aucun mortier n’est utilisé pour consolider la construction.Les cabordes, dont l'entrée peut être traitée en arc brisé (ci-haut) ou en battière (ci-bas) comportent généralement des bancs


Si les différentes cabanes présentent des similitudes (une seule entrée, aménagement de bancs de pierres longeant la paroi, …), elles sont toutefois d’aspect divers et varié. Cette diversité s’illustre notamment par les différentes façons de traiter l’entrée : en coupole, en arc brisé, en battière, en droit…
Les cabanes ont une surface relativement réduite : de 0,5 à 6 mètres carrés. Elles peuvent ainsi accueillir de 2 à 10 personnes.

Le patrimoine que constituent les cabanes de bergers tend aujourd’hui hélas à disparaître.
Faute d’être utilisées à l’heure actuelle, elles ont cessé d’être entretenues. Or ceci est problématique pour des ouvrages aussi fragiles. De plus, les récents remembrements appellent à leur destruction. Leur seul moyen de perdurer est donc la création, comme à La Marre, de sentiers de découverte.




Marie MANZONI