lundi 16 mars 2009

Le programme du MuséoParc Alésia



Depuis 2005, un grand programme de mise en œuvre d’un MuséoParc est engagé sur le site archéologique et nationalement reconnu d’Alésia, à Alise-sainte-Reine (Côte d’Or). Il a pour objectif de créer un espace ludique et instructif pour interpréter la bataille historique d’Alésia et mettre en exergue les richesses archéologiques du site, qui perdure depuis la protohistoire. Le programme devrait être viable en 2011, année de construction du dernier élément.



Le 1er février 2007 s’est tenu dans la petite commune d’Alise-sainte-Reine, une réunion publique avec quelques figures politiques (maires influents dans le projet, Messieurs de Broissia et Sauvadet, président et vice président du Conseil Général, entre autres), visant à dévoiler les grands aspects de ce programme, les démarches qui vont être déployées et les résultats attendus.



Depuis 2005, le Conseil Général de la Côte d’Or et ses partenaires (les amis de Flavigny, les communautés de communes, les autoroutes Paris-Rhin-Rhône, France Telecom, la SNCF et autres) étudient la faisabilité du projet ; à ce jour , février 2007, on ne parle plus de projet mais de programme.

De 2009 à 2011, les architectures vont être construites, principalement un centre d’interprétation de la bataille entre César et Vercingétorix et un musée archéologique. Le maître d’œuvre de ces édifices est Bernard Tschumi, architecte possédant un cabinet parisien, qui travaille en ce moment même sur le nouveau musée qui se situera aux pieds de l’Acropole à Athènes.

Le budget déployé est compris entre 40 millions et 50 millions d’euros. Ce tarif est légèrement supérieur à ce qu’aura déboursé le département pour construire 6 kilomètres de rocade il y a quelques années. Chiffre impressionnant donc, mais pas si coûteux que cela quand on imagine que le parc sera au carrefour de grands axes routiers, et donc amené à recevoir environ 750 véhicules personnels et 18 autobus de touristes par jour (estimation chiffrée en saison haute). 25000 à 30000 visiteurs passent par Alésia actuellement, et grâce à ce programme, on espère recevoir 130000 visiteurs par an. Ce souhait semble réalisable lorsque l’on sait que l’abbaye de Fontenay, magnifique abbaye cistercienne dans un état de conservation impressionnant, accueille 140000 visiteurs.

Pour ce faire, en dehors du MuséoParc en lui-même, un tissu socio-économique va se constituer, via la création d’hôtels, hébergements divers (chambres d’hôtes, gites…), points de restauration, boutiques, créant ainsi une dynamique d’emploi tout à fait porteuse.



Concrètement, nous trouverons sur ce site, en dehors des fouilles de la ville gallo-romaine -qui seront dépoussiérées et mises en lumière - un centre d’interprétation, un musée archéologique, un parcours ponctué de tables d’orientation visant à suivre les traces des fortifications de César tout autour de l’oppidum (accès piéton, cycliste et cavalier), et diverses activités annexes.



Le centre d’interprétation se présentera sous la forme d’un édifice circulaire de 15 mètres de haut destiné à se fondre dans le paysage, pour l’épouser sans le défigurer. La pose d’éléments de bois (lattes) en couche supérieure à la maçonnerie évoquera ainsi les fortifications boisées que César et ses troupes avaient érigées lors de la grande bataille de 52 avant J-C. D’ailleurs, une mini reconstitution du système de fortifications (fossés, remparts et autres pièges) sera visible en avant du bâtiment.

A l’intérieur, nous entrerons tout d’abord dans un espace de confort : accueil et billetterie, sandwitcherie, ludothèque, et salles pédagogiques pour intéresser le jeune public.

Au premier étage, une exposition permanente, comprenant une maquette géante du site, permettra de revivre la bataille grâce à des projections sur maquette et grand écran. Des expositions temporaires viendront agrémenter les explications. Nous passerons également entre une représentation des deux peuples s’affrontant, en partant de personnages à taille humaine jusqu’à des personnages très gros et imposants, ceci afin de nous plonger littéralement dans l’ambiance.

Au deuxième étage, les plus érudits pourront se réunir dans un auditorium destiné à couvrir colloques et congrès.

Tout au long du cheminement, des percées sur l’extérieur incluses dans le recouvrement de bois, donneront vue sur différents monts et lieux stratégiques de la bataille, avec un système de lunettes-jumelles permettant d’appréhender plus concrètement la reconstitution passée.



Le musée archéologique, dernier élément à figurer dans le décor, puisqu’il sera construit en 2011 alors que son jumeau sera déjà là depuis un an, fonctionnera sur le même principe que le centre d’interprétation. De forme circulaire lui aussi (48 mètres de diamètre), il sera recouvert de pierres à la façon d’un murus gallicus (expression latine désignant un mode de pose des pierres dans la construction de murs de l’époque gauloise).

Au sous-sol, comme dans nombre de musées déjà existants, dormira la réserve d’objets de collection. La base archéologique des chercheurs s’y trouvera également. Pour autant, l’architecte a jugé qu’il était dommage de laisser croupir des objets en réserve sans que le visiteur ne puisse voir quelles curiosités lui échappent. C’est pourquoi nous aurons au rez-de-chaussée une lucarne donnant vue sur les réserves (sans pouvoir toutefois y accéder).

Au rez-de-chaussée, se déploieront une médiathèque et des salles pédagogiques comme pour le centre d’interprétation, mais aussi une boutique et un salon de thé.

A l’étage, seront visibles des expositions permanentes et provisoires, avec une remise en valeur des objets de fouilles déjà existants et présents dans le musée actuel, en essayant de structurer l’espace selon les phases d’occupation du site.



Il apparaît que les buts principaux de ce programme se résument dans le fait d’augmenter les connaissances du public sur la bataille d’Alésia et les richesses archéologiques du site, tout en les enrôlant dans un univers fantasmagorique et illusoire. De la forme des bâtiments, circulaire, en référence à l’encerclement généré par les troupes de César, en passant par le visionnage d’un film pointant les lieux du combat, sans oublier la cavalcade sur un parcours pédagogique pénétrant les anciens camps, tout est fait pour donner au visiteur le sentiment de se retrouver des siècles en arrière. En effet, au vu des nouveaux modes de consommation, force est de constater que les visites statiques agrémentées d’une lecture de fiches de synthèse ne suffisent plus au visiteur exigeant qui souhaite sortir d’un lieu d’exception la tête pleine d’étoiles et le corps imprégné.



Gageons que le programme présenté tiendra toutes ses promesses, en matière de satisfaction des visiteurs, engouement des chercheurs, emploi des populations locales, et création d’un réseau touristique pour ne pas oublier les « autres » : les forges de Buffon, le vase de Vix de Châtillon-sur-Seine, le splendide château de Bussy Rabutin, et autres joyaux de ce département qui vaut mieux qu’un simple passage journalier pour rejoindre d’autres contrées.



Noëmie Chaudron