mardi 24 février 2009

Le château d'Eguilly (21)




Ce château composite, qui a subi des destructions mais guère de transformations (heureux hasard qui permet d’apprécier de très anciens édifices), possède des éléments datant aussi bien de la période gallo-romaine que de l’âge d’or féodal, en passant par les temps modernes. Le contemporain n’est pas en reste car cet édifice, racheté dans les années 80 par des propriétaires amoureux de l’art et passionnés, est devenu un centre d’art contemporain qui abrite des œuvres de Pierre Huard. Travaillant principalement le fer, cet artiste pratique aussi l’art graphique. Ses œuvres sont exposées au château qui sert de galerie, vendables au public à un prix abordable compte-tenu des prix pratiqués dans le milieu.

Le château est également visitable à toute période de l’année, pour une modique somme en saison touristique, et gratuitement en hiver. Les propriétaires vous feront faire le tour en vous expliquant dans quel état était le château lors de leur arrivée, les découvertes qu’ils ont faites et les restaurations qu’ils ont pu apporter ou qu’ils comptent appliquer. Ne bénéficiant pas de subventions suffisantes, ils peinent à avancer rapidement dans les restaurations mais celles déjà faites sont particulièrement réussies.
façade.JPG

latrines avec canonnière XVème.JPG
Vous apprécierez donc en visitant, un corps d’entrée muni d’un pont-levis à flèches sans pont du XVème siècle, dans lequel on voit encore les encoches visant à ranger les poutrelles du pont-levis ou encore des tours XVème, parfois munies de petites surprises comme des latrines d’époque.

La datation XVème pour certaines tours est évidente à la vue de la forme des canonnières percées dans les murs (les premiers canons, les couleuvrines, apparaissent au XIVème siècle, et par la forme des bouches à canons on peut dater un édifice ; au XVème siècle, les canonnières ont une forme ronde typique, au XVIème siècle elles vont s’élargir en prenant une forme ovale horizontale). La chapelle date également du XVème siècle, et on le voit facilement de par les accolades reposant sur les piédroits de l’entrée, ou bien par les niches creusées dans l’intérieur de la chapelle pour mettre par exemple un bénitier. Elle est dédiée à Saint Hubert, protecteur des chasseurs.
vue de la chapelle.JPG

Dénotant avec le reste, on remarquera que la cour conserve des pavages romains, indiquant l’ancienneté d’occupation du site. D’ailleurs une stèle funéraire gallo-romaine présentant un couple est fixée à l’extrémité d’une pelouse ; elle avait été déposée là par un paysan et nous ne connaissons pas sa provenance.

Les logis sont du XVème siècle, remaniés aux XVIIème et XIXème, et la cuisine présente un bel évier avec un lavoir juste en dessous, anecdote assez amusante. Les propriétaires ont agrémenté les lieux de vieux objets qui raviveront notre mémoire (vieux landaus, bassinoires, pesons de balance, meubles XIXème siècle, lits de coins, etc).

plafond à la française.JPG



écuries XVIIème.JPG évacuation à purin .JPG puits écuries.JPG

Les écuries du XVIIème siècle sont absolument splendides. Elles possèdent des auges de 4m de long, et une rigole d’évacuation du purin au centre. Il y a également un joli puits taillé dans une seule pierre qui sert à abreuver les chevaux. Cette écurie pouvait contenir environ 40 chevaux.

Enfin, les communs sont du XVIIème siècle, et servent de granges aux propriétaires. Dans un espace, ils ont exposé des vieilles charrettes typiques et autres objets paysans comme un beau pressoir.

En guise de conclusion, ce château qui sort des guides touristiques propose des éléments différents et intéressants pour qui apprécie un minimum les pierres qui parlent. Les curiosités exposées par les propriétaires apportent une pointe de nostalgie bienvenue.





Noëmie Chaudron