Entre Bligny-sur-Ouche et Nolay, en Côte d’Or, loin des routes régulièrement empruntées par les touristes, se trouve le petit village de Cussy-la-Colonne. On comprend mieux la toponymie en apprenant que ce petit village qui ne paye pas de mine conserve un petit joyau de l’art gallo-romain, une colonne plantée en plein champ. Elle est accessible par une petite route de campagne, fléchée.
![]() | ![]() | Cette très belle colonne fait penser aux vestiges visibles en narbonnaise, par sa facture, l’aspect gris usé de sa pierre, et les représentations des personnages. Bien que ne constituant pas un périple à elle seule, les promeneurs curieux pourront s’y arrêter et essayer de comprendre quelle pouvait être la fonction de cette colonne. Un panonceau explicatif nous renseigne assez largement. Les premières hypothèses pensent à un monument de célébration de victoire, un peu comme les obélisques égyptiens, ou à un monument funéraire, comme la colonne trajane, ou plus récemment, nos fameux monuments aux morts, érigés en souvenir des soldats morts au combat. Une hypothèse plus récente imagine que cette colonne aurait été englobée dans un contexte plus large. La colonne possède une base et un fût originaux, mais un chapiteau retaillé et positionné au faite au XIXème siècle a été rajouté. La différence de couleur de pierre l’indique ; on voit d’ailleurs clairement l’influence de l’Empire et du style néo-classique dans la partie restaurée. Au niveau de la composition, nous avons au-dessus du socle, entre la base et le fût, des personnages identifiés comme étant des personnages mythologiques ou divins ; Hercule, Junon avec son animal fétiche, le paon, etc. Cependant, les bas-reliefs étant très altérés, il n’est pas évident d’avoir la certitude qu’il s’agit bien de ces figures et non d’autres. En tous les cas, la représentation de personnages cultuels pourrait évincer l’hypothèse d’un monument funéraire. En effet, les monuments funéraires gallo-romains tendaient à représenter le défunt en lui-même, dans ses habits de fonction, sa famille, et éventuellement des divinités, mais guère une panoplie hétérogène de divinités et héros comme les analyses semblent le montrer. |
Le fût est orné de feuilles stylistiques en forme d’écailles, et le chapiteau original (nous ne sommes pas sûrs qu’il s’agissait bien de ce chapiteau, mais les dimensions du bloc, la stylistique, la nature de la pierre et le lieu de provenance tendent à le confirmer) représente les phases chronologiques. En effet, sont taillés 3 visages, un homme entouré de rayons représentant le soleil, un visage rond de femme symbolisant la lune, et un homme barbu qui serait, selon le panonceau, le temps (et pourquoi pas une divinité ayant toute maîtrise sur les cieux comme un Titan ?). Le chapiteau a été exposé au XIXème siècle aux côtés de la colonne, et nous pouvons donc maintenant voir la colonne coiffée du chapiteau refait au XIXème siècle.
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A la droite de la colonne, nous trouvons exposé un bloc avec des arêtes dont certaines manquent. Il aurait été mis là pour supposer qu’il s’agissait d’une partie de la colonne mais les récentes études penchent plutôt pour un toit de temple gallo-romain, ou petit sanctuaire privé, et le bloc ne serait donc pas posé dans le bon sens…
Toujours du XIXème, nous pouvons lire une épigraphie latine gravée sur le socle.
Pour conclure, cette colonne dans un pur style gallo-romain, ornée de personnages en bas-relief plein pieds et de décors ornementaux, restaurée au XIXème, comme souvent pour cette époque qui sacralisait les œuvres antiques, mérite que l’on se penche un peu plus sur les hypothèses qui en ont été faites, que ce soit pour sa fonction ou pour les personnages qui y sont représentés.
Toujours du XIXème, nous pouvons lire une épigraphie latine gravée sur le socle.
Pour conclure, cette colonne dans un pur style gallo-romain, ornée de personnages en bas-relief plein pieds et de décors ornementaux, restaurée au XIXème, comme souvent pour cette époque qui sacralisait les œuvres antiques, mérite que l’on se penche un peu plus sur les hypothèses qui en ont été faites, que ce soit pour sa fonction ou pour les personnages qui y sont représentés.
Noëmie Chaudron