mercredi 11 février 2009

Sur la piste des dinosaures de Loulle (39)


Loulle, petit village situé à quelques kilomètres de Champagnole, est en passe de devenir l’un des hauts lieux mondiaux de la paléontologie. Et pour cause : en 2005, des centaines d’empreintes de dinosaures ont été découvertes au sein d’une ancienne carrière de calcaire, par un jogger du nom de Jean-François Richard.


le site des pistes à dinosaures de Loulle



l'une des plus importantes empreintes

Soucieux de préserver le site, ce dernier ne choisit d’avertir la direction de la Conservation du patrimoine du Jura qu’en 2006. Aussitôt, c’est le CNRS qui a été chargé de l’étude du site.
Jean Michel Mazin, membre du laboratoire « Paléoenvironnements et Paléobiosphère », dirige les recherches. Sous sa direction, un tiers de la surface du site – soit 1000 mètres carrés - a déjà été dégagé. Près de 500 empreintes de forme circulaire, mesurant entre 20 cm et 1 m de diamètre, ont ainsi été mises à jour. Au total, les chercheurs estiment à 1500 le nombre total d’empreintes présentes à Loulle.
De part leur disposition en piste étroite, elles révèlent qu’un troupeau d’individus est passé et repassé sur le site. La zone constituait donc un lieu de passage pour nos amis dinosaures. Il est d’ailleurs possible de suivre sur plusieurs dizaines de mètres la piste de certains.



Après étude, il a été établi que ces empreintes ont appartenu à des sauropodes - des cousins du diplodocus - adultes et juvéniles, ayant habité notre région il y a 155 millions d’années. Ces herbivores, dotés d’un long cou, pesaient au minimum une dizaine de tonnes.


Les pistes à dinosaures ont été colorées pour une meilleure visibilité par le public

Toutefois, les empreintes de Loulle n’attestent pas seulement du passage de dinosaures en la région. Elles laissent supposer que le Jura, à l’époque de l’Oxfordien supérieur, était recouvert d’une mer chaude et peu profonde laissant apparaître périodiquement de petits ilots émergés. Elles remettent donc en question les théories des chercheurs, selon lesquelles la région était alors une zone totalement immergée.

Le Conseil Général du Jura a commencé à réfléchir sur le potentiel touristique de Loulle. En sa séance du 6 décembre 2007, il a choisi d’allouer 40 000€ au fonctionnement pour une étude de faisabilité sur la valorisation touristique de ce patrimoine paléontologique. En parallèle, l’exposition « Paléomania Sur la piste des paléontologues dans l’Arc jurassien », présentée du 11 mai au 21 septembre 2008 à Arinthod, a pour but de mesurer l’intérêt du public pour la paléontologie et donc le potentiel de développement touristique de ce patrimoine.





40 000€ ont également été alloués à l’investissement pour le soutien à l’étude scientifique et la sauvegarde des données sur le site à pistes de dinosaures. La protection des empreintes, données uniques fragiles et non renouvelables comme le précisent les chercheurs, est en effet primordiale.


En tous les cas, il est une fois encore prouvé que c’est à raison que le Jura a donné son nom à la période du Jurassique !


Marie Manzoni