L’avènement d’une nouvelle religion à l’âge du polythéïsme
Au début de son règne, Akhénaton était encore soumis aux cultes traditionnels. Des fouilles archéologiques le prouvent. Il s’appelait d’ailleurs Aménophis IV avant de se choisir pour nom Akhénaton. Il n’y eut pas de guerre de religion ni de remise en cause de l’institution pharaonique, preuve que la transition s’est faite en douceur.
Quand Akhénaton arrive au pouvoir vers 1355 av. J-C, à Thèbes, son premier lieu de règne, il va faire édifier un temple à Aton. Un point de désaccord persiste entre les auteurs spécialistes : pour certains, Akhénaton se serait fait couronner à Karnak, respectant la tradition, pour d’autres le couronnement aurait eu lieu à Hermontis dans le temple de Rê. Cette dernière assertion correspond au fait que le dieu Aton existait déjà avant l’avènement d’Akhénaton sous la forme de Rê-Horakhty.
Des allusions à Aton sont perceptibles dès le règne de Thoutmosis IV, le grand-père d’Akhénaton. Les parents d’Akhénaton, Aménophis III et Tiyi, montreront également un attachement particulier à ce dieu, Aménophis III tentant même d’imposer l’atonisme en douceur.
Ce nouveau dieu, un dieu solaire unique, est représenté sous la forme simple d’un soleil, avec parfois des rayons se terminant par des mains bénissant les hommes, et en particuliers la famille royale. En fait son culte sert à la vénération de la famille royale elle-même, comme propagande. Un auteur, Odon Vallet, avance l’idée d’une triade divine sous les traits de Aton-Akhénaton-Néfertiti (1) (l’épouse et reine). En quelque sorte, Akhénaton s’était auto-désigné comme prophète du dieu, comme son représentant sur Terre, sous le nom de « grand voyant ».
Quand Akhénaton arrive au pouvoir vers 1355 av. J-C, à Thèbes, son premier lieu de règne, il va faire édifier un temple à Aton. Un point de désaccord persiste entre les auteurs spécialistes : pour certains, Akhénaton se serait fait couronner à Karnak, respectant la tradition, pour d’autres le couronnement aurait eu lieu à Hermontis dans le temple de Rê. Cette dernière assertion correspond au fait que le dieu Aton existait déjà avant l’avènement d’Akhénaton sous la forme de Rê-Horakhty.
Des allusions à Aton sont perceptibles dès le règne de Thoutmosis IV, le grand-père d’Akhénaton. Les parents d’Akhénaton, Aménophis III et Tiyi, montreront également un attachement particulier à ce dieu, Aménophis III tentant même d’imposer l’atonisme en douceur.
Ce nouveau dieu, un dieu solaire unique, est représenté sous la forme simple d’un soleil, avec parfois des rayons se terminant par des mains bénissant les hommes, et en particuliers la famille royale. En fait son culte sert à la vénération de la famille royale elle-même, comme propagande. Un auteur, Odon Vallet, avance l’idée d’une triade divine sous les traits de Aton-Akhénaton-Néfertiti (1) (l’épouse et reine). En quelque sorte, Akhénaton s’était auto-désigné comme prophète du dieu, comme son représentant sur Terre, sous le nom de « grand voyant ».
![]() | Des études récentes indiquent que l’iconographie d’Aton viendrait en fait tout simplement du hiéroglyphe signifiant « lumière » agrandi. La représentation de ce dieu n’est donc pas vraiment innovante, et découle d’une tradition, même si Akhénaton a fait le choix de ne pas le faire représenter par des traits humains ou animaux comme les dieux égyptiens traditionnels avant l’avènement de son ère. Par contre, fait révolutionnaire en Egypte antique, le dieu Aton est traité comme un pharaon, son nom étant inscrit dans un cartouche, comme les noms des pharaons. L’originalité de ce culte tient aussi dans d’autres faits. Akhénaton va imposer un dieu universel et non plus le culte d’une multitude de dieux propres à chaque domaine de la vie matérielle ou spirituelle. Il va faire marteler la représentation de certains dieux anciens et bannir leurs cultes. Par la suite, pour entériner ce nouveau culte et marquer le renouvellement religieux, Akhénaton fait sortir du sable une nouvelle capitale, Tell-el-Amarna, alors appelée Akhétaton. Il y fait également construire un nouveau temple à Aton. |
Sur le plan de l’accessibilité de cette nouvelle religion, il va rédiger un hymne à Aton, écrit par lui-même, dans une langue de vulgarisation accessible par toute la population, alors que les textes sacrés étaient avant cela écrits en hiéroglyphes ou en glyphes érudits accessibles par les scribes et les savants. Il y a donc un réel désir d’étendre la vénération de ce dieu à toute la population. Cependant, Akhénaton s’est contenté de s’inspirer d’anciens écrits religieux pour écrire son hymne, il n’a donc pas réellement renouvelé le type de culte.
Les études récentes tendent à prouver qu’Akhénaton, plus qu’un tyran désirant imposer une religion, serait un fin stratège qui aurait fait régner un dieu mineur afin d’écarter du pouvoir le clergé d’Amon, le dieu ennemi, qui avait à l’époque toute autorité. De plus, Akhénaton aurait imposé cette religion pour plus d’universalisme et pour être plus proche de son peuple et des pays limitrophes qui vénéraient aussi des dieux solaires.
Cependant le peuple ne va pas se plier à la volonté du pharaon. Les vieilles traditions religieuses vont persister. Des fouilles ont découvert à Tell-el-Amarna des statuettes de divinités traditionnelles prouvant que la religion atonienne était bafouée. La population était trop attachée aux anciennes religions, mais surtout le peuple devait s’adresser aux souverains en tant qu’intermédiaires pour prier le dieu et cela ne leur convenait pas. Cette révolution religieuse va donc être un échec cuisant. Sa réforme ayant échoué, Akhénaton va par la suite être confronté à plusieurs soucis, notamment l’instabilité militaire et la séparation du couple royal.
Après sa mort, la nouvelle capitale va être abandonnée et l’ancien pharaon va subir la damnatio memoriae, c’est-à-dire qu’il ne va pas être enterré dans le tombeau qu’il avait initialement fait construire, et certaines de ses images vont être détruites.
Les études récentes tendent à prouver qu’Akhénaton, plus qu’un tyran désirant imposer une religion, serait un fin stratège qui aurait fait régner un dieu mineur afin d’écarter du pouvoir le clergé d’Amon, le dieu ennemi, qui avait à l’époque toute autorité. De plus, Akhénaton aurait imposé cette religion pour plus d’universalisme et pour être plus proche de son peuple et des pays limitrophes qui vénéraient aussi des dieux solaires.
Cependant le peuple ne va pas se plier à la volonté du pharaon. Les vieilles traditions religieuses vont persister. Des fouilles ont découvert à Tell-el-Amarna des statuettes de divinités traditionnelles prouvant que la religion atonienne était bafouée. La population était trop attachée aux anciennes religions, mais surtout le peuple devait s’adresser aux souverains en tant qu’intermédiaires pour prier le dieu et cela ne leur convenait pas. Cette révolution religieuse va donc être un échec cuisant. Sa réforme ayant échoué, Akhénaton va par la suite être confronté à plusieurs soucis, notamment l’instabilité militaire et la séparation du couple royal.
Après sa mort, la nouvelle capitale va être abandonnée et l’ancien pharaon va subir la damnatio memoriae, c’est-à-dire qu’il ne va pas être enterré dans le tombeau qu’il avait initialement fait construire, et certaines de ses images vont être détruites.
Le développement d’un style artistique innovateur
Beaucoup d’auteurs conviennent que l’art amarnien fut avant tout au service du dieu Aton. Le Gêmaton, le temple construit à Karnak, en est un exemple. De nombreux documents expliquent que pour ce fait la technique innovante des talatates fut utilisée (tous petits blocs de pierre), ces talatates représentant largement le dieu Aton. Le souverain tenait tellement à être le réformateur de l’art que selon le témoignage du sculpteur Bak, il était parfois lui-même le maître des artistes. D’ailleurs le pharaon laissait une complète liberté aux artistes qui étaient ainsi libres d’abandonner les canons esthétiques habituels. Les courtisans prirent l’habitude de se faire représenter de la même manière que la famille royale afin de plaire à cette dernière, et sur les stèles gravées on voit les courtisans se prosterner devant la famille royale alors qu’avant une simple inclinaison respectueuse aurait suffit. Le pharaon a aussi adopté des attitudes de divinités sur des représentations ; on pense à l’Akhénaton osiriaque du Gêmaton, auquel il est très souvent fait allusion en raison de son étrangeté mais également au relief beaucoup moins connu sur lequel Akhénaton est un sphinx. |
Les critiques se complaisent à essayer de donner un sens à l’aspect androgyne des statues d’Akhénaton. Les formes de ces statues sont qualifiées de ‘presque féminines’. Un ouvrage archéologique assez ancient parle d’une spiritualisation intérieure fervente visible dans l’attitude et l’expression de ces statues (2) .Une seule hypothèse isolée ne peut convenir, mais à partir de plusieurs documents récents, on trouve l’hypothèse selon laquelle Akhénaton se serait fait représenter sous des formes androgynes afin de signifier un caractère divin asexué, tout comme parfois le dieu Osiris qui est représenté sans sexe. L’hypothèse serait réfutable sans preuves archéologiques ; or dans les dernières années du règne, l’art amarnien retrouve des caractéristiques classiques et Akhénaton apparaît comme un homme tout ce qu’il y a de plus normal. Si l’hypothèse s’avérait vraie, on voit bien en quoi l’art amarnien se met au service d’Aton et du pharaon, son serviteur et représentant sur Terre. |
![]() | L’art amarnien va largement représenter la nature en hommage à Aton son créateur. Les auteurs parlent d’un style naturaliste. En tant que preuves archéologiques, les fouilles ont découvert des fresques peintes au palais d’Akhétaton représentant des oiseaux, des marais… La nature semble digne d’intérêt en elle-même, elle ne constitue plus le simple cadre d’un événement. D’un point de vue purement technique, l’art amarnien fait front à l’art antique égyptien traditionnel en imposant le réalisme à la place de l’idéalisme. La rigidité des corps disparaît, laissant place à plus de souplesse, la panoplie des couleurs est plus étendue et les contours des personnages ombrés. Le relief en creux est créé afin de mettre en valeur la lumière du soleil. De plus, des moulages en plâtre sont produits avant sculpture pour respecter au maximum les traits du visage. Ce réalisme pousse jusqu’à la caricature ; les statues d’Akhénaton osiriaque évoquées précédemment sont des exemples flagrants de ce côté caricatural de l’art amarnien. Certains auteurs parlent d‘expressionnisme choquant’. On parle aussi de maniérisme, d’étirement des lignes provoquant notamment les yeux en amande, et aussi d’affaissement des chairs ou de crâne hypertrophié. |
L’art amarnien va bouleverser l’art antique en Egypte. D’un point de vue technique, plusieurs choses sont inventées ; les talatates, les fausses perspectives, l’utilisation de plusieurs matériaux pour une même œuvre d’art…
En ce qui concerne la peinture et les stèles, on trouve beaucoup d’innovations aussi. De nouvelles coiffures apparaissent, les scènes d’intimité deviennent banales alors qu’avant il n’y en avait pas dans l’art égyptien, les mouvements du corps se diversifient, les longues robes drapées se substituent aux pagnes. Traditionnellement, les hommes sont représentés avec une jambe en avant et les femmes avec les deux jambes serrées alors que dans l’art amarnien, c’est l’inverse.
En ce qui concerne la peinture et les stèles, on trouve beaucoup d’innovations aussi. De nouvelles coiffures apparaissent, les scènes d’intimité deviennent banales alors qu’avant il n’y en avait pas dans l’art égyptien, les mouvements du corps se diversifient, les longues robes drapées se substituent aux pagnes. Traditionnellement, les hommes sont représentés avec une jambe en avant et les femmes avec les deux jambes serrées alors que dans l’art amarnien, c’est l’inverse.
Les représentations de scène d’intimité, comme le couple royal se tenant la main, rend cet art particulièrement touchant et proche de nous. Il existe même une peinture où un prince porte une barbe en signe de deuil après le décès d’une des filles d’Akhénaton, chose normalement cachée. De plus, cet art se révèle moderne par sa sensualité. Le couple royal apparaît souvent nu, et la statuaire utilise la technique du drapé mouillé, comme si les corps sortaient de l’eau. On retrouve aussi des membres de la famille royale dans des positions alanguies. (1) Odon Vallet Petit lexique des idées fausses sur les religions (2) Irmgard Woldering Egypte : l’art des pharaons Noëmie Chaudron |